Dans quel contexte le budget 2025 a-t-il été élaboré ?

Grégory Dorte. Le budget 2025 n’a pas de précédent. Jamais notre collectivité, comme l’ensemble des Départements de France, n’a eu à faire face à une telle situation.

Une situation inédite caractérisée par une conjoncture économique fortement dégradée et aggravée par des décisions nationales qui, année après année, ont abouti à l’asphyxie de nos finances.

Au titre de l’exercice 2024, l’État nous laisse une « ardoise » de 70,1 millions d’euros non compensés, soit près d’un cinquième de notre budget de fonctionnement !

Or, nous ne pouvons agir sur l’impôt puisque nous ne levons pas l’impôt. Nous recevons des fractions de la TVA, elles-mêmes soumises aux aléas de la consommation.
Se trouve sans doute là la raison profonde de la crise financière que traversent les collectivités territoriales et en premier lieu, les Départements.

Il nous reste le taux des Droits de mutation à titre onéreux (DMTO), ces fameux frais de notaire en chute que nous avons eu l’autorisation d’augmenter de 0,5 point et ce, uniquement pour trois ans⁽¹⁾.

Nous allons également rehausser la part départementale de la taxe d’aménagement due à la suite des autorisations d’urbanisme. De 1,3 %, nous allons la porter au maximum que la loi nous autorise, à savoir 2,5 % à compter de 2026.

Ces comptes d’apothicaire trahissent un modèle à bout de souffle et qu’il nous faut repenser collectivement.

À lire aussi :

Quelles sont les priorités de ce budget ?

G.D. Le Département est le chef de file des solidarités et protège les plus fragiles.

Les choix budgétaires retenus pour cet exercice 2025 ont pour objectif de fournir aux Icaunais les services auxquels ils ont droit et avec la qualité qu’ils sont en droit d’attendre.

Les arbitrages réalisés ont été difficiles, voire douloureux. Nous les avons expliqués à l’ensemble de nos partenaires. Notre feuille de route est transparence, vigilance, exigence et confiance.

Grâce à ce budget, nous continuons d’être un département à la fois protecteur et ambitieux.

Alors même que 80 % de nos dépenses sont contraintes, nous avions à cœur, après la disparition de notre Président Patrick Gendraud, de poursuivre l’action engagée depuis le début de la mandature.

Cette action a un leitmotiv : l’attractivité !

L’ambition d’un département qui rayonne est notre boussole.

Nous y trouverons là, j’en suis convaincu, les clés de réussite pour nos prochains budgets.

Les 20 % de dépenses non contraintes que nous avons sauvegardés grâce à une gestion saine et responsable y sont totalement dédiés.

Je tiens d’ailleurs à saluer ici les efforts continus de tous les conseillers départementaux, cela depuis plusieurs années, et à remercier tout particulièrement notre vice-présidente en charge des finances, Marie-Laure Capitain, pour son attention et son implication continues.

De quelle façon comptez-vous développer cette attractivité ?

G.D. Nous avons dû recentrer nos politiques sportives et culturelles, mais nous conservons l’ambition d’être un territoire animé et vivant, de tous les talents et de toutes les passions.

Nous avons revu à la hausse l’enveloppe de 3 millions d’euros du Pacte territoires afin, dans un souci d’équité, de soutenir les derniers projets de mandats des communes non encore accompagnées.

Il ne s’agit pas de nouvelles dépenses, mais d’une réorientation du solde de l’enveloppe dédiée aux « Grands projets à rayonnement départemental » et d’un rééquilibrage, à la marge, de notre Programmation pluriannuelle des investissements.

L’effet multiplicateur du Pacte territoires est positif pour les artisans, les entreprises, les emplois et les habitants de l’Yonne.

Nous renouvelons le Pacte Santé pour la période 2025-2027 et ciblons davantage les territoires ruraux à faible densité médicale en participant au déploiement d’un « médico-bus » dans le nord de l’Yonne.

Nous avons été créatifs en lançant l’Agence d’attractivité dont se dégage une énergie, une véritable bouffée d’oxygène qui sera bénéfique à l’ensemble du territoire !

C’est le même souffle que produira la labellisation prochaine du Grand site de Vézelay.
Le dossier définitif est déposé et nous pouvons raisonnablement espérer une labellisation avant la fin de l’année.

Cette dynamique de territoire doit également présider à l’aménagement du site du Bourdon, lieu remarquable pour la pratique d’activités de pleine nature.

En parallèle, les investissements se poursuivent…

G.D. La poursuite d’une programmation pluriannuelle des investissements ambitieuse, avec 318,8 millions d’euros sur cinq ans, participe à l’attractivité.

Parmi les projets que nous portons figure la liaison Sud d’Auxerre dont les travaux de la partie départementale ont débuté⁽²⁾.

Nous attachons également une attention toute particulière à notre jeunesse et poursuivons nos efforts en faveur des réhabilitations de collèges.
De même que nous poursuivons le projet de construction du nouveau Foyer départemental de l’Enfance.

Nous concevons l’attractivité comme un cercle vertueux : les conséquences bénéfiques de notre politique d’attractivité deviennent, à leur tour, vecteur d’attractivité !

(1) Avec une exemption pour les primo-accédants tels que définis par le Code général des impôts, à savoir tout acquéreur qui n’a pas été propriétaire de sa résidence principale depuis au moins deux ans.
(2) Lire l’article en page 5 de ce même numéro.