La loi confie au Conseil départemental la mission de protection de l’enfance. Celle-ci se décompose en trois phases : la prévention des situations de danger, le repérage puis l’accompagnement des enfants et des familles concernées.
Afin de mener à bien sa mission de protection de l’enfance, le Département, en association avec ses partenaires, s’est doté d’une programmation pluriannuelle qui fixe de grands objectifs de travail. L’amélioration de la prévention afin de repérer les situations à risques avant d’arriver à l’information préoccupante. "Il faut effectuer un travail en amont, notamment avec les partenaires qui sont en contact avec les familles et les enfants mais qui ne relèvent pas de la protection de l’enfance ; comme les médecins, les centres communaux d’action sociale, les crèches, les centres de loisirs…, explique Guénaële Nedellec, directrice Enfance Famille. L’idée est de formaliser des partenariats très locaux afin que chacun sache qui avertir des difficultés rencontrées par une famille. Dans cet objectif, un travail est effectué dans chaque Unité territoriale de solidarité".
Vient ensuite le repérage des situations de danger et le traitement des informations qui sont transmises au Conseil départemental (les informations préoccupantes), soit plus de 1 700 en 2017.
Les modes d’accompagnement favorisant, dans la mesure du possible, le maintien au domicile parental des enfants tout en les protégeant doivent être renforcés (voir page suivante). D’une manière générale, quel que soit le mode d’accompagnement, il est préconisé d’intégrer le plus possible la famille et l’enfant dans la construction du parcours : "Au final, la clef de la réussite réside dans la mobilisation de la famille, souligne Guénaële Nedellec. Le “projet pour l’enfant” est co-construit et décline le rôle et les objectifs de chacun".
Afin de limiter les taux d’échec et de retour, la sortie des dispositifs doit être préparée et consolidée. "Elle doit être progressive, anticipée, pensée avec la famille et le jeune. Que l’accompagnement se fasse en hébergement (établissement ou famille d’accueil) ou en interventions à domicile, il ne faut pas passer de tout à rien. Ensuite la famille et le jeune doivent avoir toujours la possibilité de faire appel à nous, ne serait-ce que pour un échange téléphonique".
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Kévin Corde a passé deux ans au foyer La Maison à Auxerre, à 10 et 11 ans. Puis il a été accueilli chez une assistante familiale à Héry où il est resté plus de cinq ans. "J’étais avec deux autres jeunes de mon âge et le fils de la famille plus âgé. J’ai préféré la famille d’accueil, parce qu’ils sont plus disponibles que dans un foyer". Son assistante familiale souffrant de problèmes de santé, Kévin Corde passe ensuite six mois dans une famille où il a séjourné en relais. En juin 2017, l’année de ses 18 ans, le jeune homme intègre le Service d’adaptation sociale (SAS) Léandre Decottignies à Auxerre.
"Pendant quinze jours, j’ai été logé dans une chambre, puis voyant que j’arrivais à me débrouiller seul ils m’ont mis dans un appartement, avec des règles à respecter. Mon éducateur passe me voir régulièrement. J’ai également un scooter pour me permettre d’aller travailler (en intérim)". Kévin Corde a signé un contrat jeune majeur en octobre 2017, renouvelé en avril 2018 et qui devrait prendre fin ce mois-ci du fait de son insertion positive.
Après vingt-cinq ans en entreprise, Sylvie Chameroy décide, après de longues discussions avec son mari et ses trois grands enfants, de devenir assistante familiale. Elle obtient son agrément en 2007. Elle accueille aujourd’hui, à son domicile de Chevannes, trois enfants de 4 à 9 ans, arrivés à l’âge de 3 à 7 mois (plus un accueil relais). "Je me sens utile. Par ce métier nous permettons aux enfants de retrouver un équilibre et de se reconstruire dans un lieu familial. Nous sommes à l’écoute de leurs besoins et les accompagnons au quotidien, avec pour objectif de les aider à devenir des adultes responsables".
Sylvie Chameroy insiste sur le travail en équipe "pour mener à bien le projet de l’enfant", entre autres avec "l’éducateur référent, la psychologue du service et le cadre enfance du Conseil départemental, mais aussi les autres institutions". La formation aussi est importante : "Elle permet de se repositionner, de comprendre les choses et d’évoluer". Sylvie Chameroy a obtenu le diplôme d’État d’assistante familiale.
Élisabeth Callet-Lancereaux est éducatrice spécialisée suivi de placement à l’Unité territoriale de solidarité de Migennes. Passionnée par son métier, elle y a ajouté des outils comme la musicothérapie, l’équithérapie, l’aquathérapie (elle est également bilingue langue des signes). "Ces outils m’aident à décoder les difficultés de l’enfant et à recréer un espace sécurisant". Un travail de longue haleine.
"Nous travaillons avant tout pour le retour de l’enfant à son domicile, mais il y a des situations où on ne le peut pas et dans ce cas, il ne faut pas entretenir l’espoir. Et surtout éviter de placer l’enfant dans un conflit de loyauté entre ses parents et sa famille d’accueil, car c’est très violent".
Les mesures d’accompagnement des enfants au domicile de leurs parents sont renforcées.
Page mise à jour le vendredi 01 juin 2018